Aurore57

Demander Le Silence Aux Enfants...

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Noël, tes propos sont convaincants... pour un public d'enfants.
Mais les ados ? La formule self ne peut-elle pas être pertinente pour eux ? Ne doit-on pas les préparer à la vie adulte, leur laisser la possibilité de faire des choix, la fameuse autonomie (mais autonomie de quoi ? autonomie c'est trop vague) dont parlent tous les projets pédas, ne peut-elle pas plus facilement s'exercer dans le cadre d'un self, où le jeune choisit ce qu'il veut manger (lui donne-t-on le droit de ne rien manger ? Dolto pense qu'un enfant ne se laissera jamais mourir de faim et je suis assez d'accord avec elle), avec qui il mange, où il mange, à quel rythme...

Alors peut-être pas tous les jours, on peut n'offrir cet espace total de liberté que de temps à autre (en institution, c'est souvent le vendredi), mais cet espace est primordial.

En sachant que l'animateur peut investir cet espace de liberté.

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Ben ça serait intéressant de se poser des questions à ce sujet, justement.

La question habituelle c'est : "doit on ou pas obliger les enfants à goûter la nourriture à la cantine"

On leur sert toutes les raisons hypocrites : "si tu ne goûtes pas, comment peux-tu savoir que tu n'aimes pas?"

-> ben parce que la cantine, déjà, c'est toujours dégueu

-> ensuite parce qu'il/elle a déjà goûté

-> enfin parce que sentir c'est goûter, pas besoin de mettre dans la bouche, le goût c'est de l'odorat

-> et si en plus c'est moche et servi de mauvaise humeur, faut pas s'étonner que ça ne donne pas envie...

Par contre je pense qu'ils peuvent se laisser mourir de faim, faut être attentif en séjour à ce qu'ils engloutissent. C'est un des deux-trois besoins primaires sur lesquels on ne doit pas faire l'impasse (avec la qualité du sommeil et l'hygiène).

Peut-être qu'ils ne mangent pas par réflexe, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils vont manger. C'est pour ça que je prends toujours le temps d'expliquer ce qu'il y a dans le plat ou dans l'assiette, même si ça a l'air évident.

La question élémentaire est "pourquoi certains mangent et d'autres pas"... Et à mon avis il n'y a pas que la faim ou l'habitude, il y a mille raisons psychologiques derrière ça.

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D'accord avec ça.

Un enfant peut sans doute en effet se laisser mourir de faim. Mais ça reste à la marge. Les troubles alimentaires apparaissent principalement à partir de l'adolescence (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas avant). Si un enfant ne mange rien du tout, là on doit s'inquiéter.

Mais s'il ne touche pas au boeuf-carotte qui a l'air dégueu, qu'on lui explique ce qu'il y a dans son assiette et comment c'est cuisiné, et qu'en contre-partie, il se gave de pain, que fait-on ?

J'ai vu des animateurs priver l'enfant de pain dans ces cas-là : "si tu manges pas ton plat, tu manges pas de pain". Là, au final, l'enfant n'avait rien dans le ventre. Alors, certes, manger que du pain, c'est pas l'idéal, mais plutôt que de se dire que l'enfant a un problème, ne doit-on alors pas en profiter pour réinterroger notre pratique ?

Les plats sont-ils appétissants ? Qu'a-t-on fait pour donner envie aux enfants de les manger ? Respecte-t-on le rythme des enfants ? Peut-être que s'il mangeait 30 minutes après, le petit Alfred aurait eu davantage faim et aurait mangé son boeuf-carotte. Peut-être même qu'il l'aurait adoré. Et puis, si on avait mis un peu de mayonnaise ou de ketchup (ne serait-ce que donner le choix à l'enfant de la sauce qu'il mettrait, quand on laisse le tiers participer à la prise de décision, on obtient toujours plus de coopération, je me demande si c'est pas de Serge Moscovici ça), peut-être que ce serait mieux passé.

Et puis, je comprends pas pourquoi on ne fait jamais, en centre de loisirs, les enfants participer à la préparation du repas. Par petits groupes de 6 ou 7. Avec de jeunes enfants en situation de handicap, en institution, ça se fait, pourquoi pas sur nos centres de loisirs ? En séjours, il me semble que c'est davantage fait, mais l'accompagnement au repas se fait là.

On peut pas en vouloir à un enfant de pas manger quelque chose s'il ne sait pas comment c'est fait. A la maison, il voit papa ou maman cuisiner. Pas ici. Et c'est une clé de lecture intéressante à mon sens.

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Peut-être bien que quand le cuisinier/la cuisinière est parfaitement désagréable, c'est un motif pour que l'enfant refuse de manger.

Peut-être aussi que quand le cuisinier est inconnu/invisible, c'est un autre motif pour refuser de manger.

Ketchup ou mayo, faut pas être trop réducteur, il existe toutes sortes de sauces qui ont bien meilleur goût. Pour peu que le cuisinier en prépare (parce que là aussi... c'est pas dans son contrat, y'en a beaucoup qui sont capables de servir du riz ou du blé bien sec).

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Les enfants qui refusent de manger et/ou se bourrent de pain à la place, c'est le cas classique. Et les raisons étaient diverses :

_ne connaît pas l'aliment, donc n'aime pas (même si on lui prouve par A + B que c'est quelque chose qu'il connaît mais présenté sous une forme différente).

_n'est nourri chez lui que de pâtes et de riz, option frites et McDo, et a donc un rejet naturel de tout autre aliment...

_pré-ado (fille, généralement) se croyant déjà grande et refusant de manger pour "garder la ligne" (véridique...), mais qui du coup se bourre de pain parce que bon, hein, elle a quand même faim.

La solution a été simple pour notre séjour : un seul morceau de pain par personne et par repas, avec indulgence si beaucoup de sauce, y compris pour les animateurs (l'exemple). Évidemment, ça a grogné dans les rangs. Des trois catégories suscitées, seule la dernière s'est convertie à la nourriture de l'assiette.

Pour les deux autres, c'est comme le silence. Ca prend effectivement un cadre un peu plus intimiste, familial, avec présence de l'animateur (du moins jusqu'à un certain âge). Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y pas quelques irréductibles.

Pour les enfants qui ne veulent pas manger, le problème qui se pose à l'animateur est complexe. Si l'enfant n'aime vraiment pas un plat, la négociation suffit bien souvent, d'autant qu'il est rare que tous les plats d'un repas soient rejetés : "je t'en sers un peu, pis ça ira bien". L'enfant grimace, mange sa petite part, est débarrassé, passe à autre chose. Mais pour ceux qui sont vraiment butés ou à qui on passe tous les caprices à la maison, pas facile... Il s'agit quand même de faire manger l'enfant, sans le menacer de le priver d'activités ou autre sous peine de lui faire associer repas à calvaire... Là, j'avoue, pas encore trouvé le truc infaillible. J'imagine que les affinités avec un ou plusieurs animateurs peuvent jouer...

Quant au silence, le mieux est effectivement qu'il y ait un animateur par table. Que ce soit un self, une cantine, ou que sais-je, le repas n'en reste pas moins un temps d'animation, et ce quel que soit l'âge des enfants. Le repas est effectivement un temps ou enfants et animateurs peuvent partager, parler, discuter, mieux se connaître, et l'animateur a un rôle éducatif à jouer : bonnes manières, maintenir le niveau sonore à une limite acceptable, etc... Apprendre qu'on peut prendre du plaisir à table, tout en respectant les autres.

Je ne pense pas que le fait que ce soit un pique-nique, un self-service, une cantine, un réfectoire ou un restaurant trois étoiles change quelque chose sur le plan éducatif. Le silence, les enfants qui refusent de manger, c'est un tout. Le rôle de l'animateur est d'accompagner les enfants dans tous les moments collectifs de la journée.

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Je ne pense pas que le fait que ce soit un pique-nique, un self-service, une cantine, un réfectoire ou un restaurant trois étoiles change quelque chose sur le plan éducatif. Le silence, les enfants qui refusent de manger, c'est un tout. Le rôle de l'animateur est d'accompagner les enfants dans tous les moments collectifs de la journée.

Pas d'accord avec ça.

Cela reviendrait à dire qu'on ne se préoccupe pas de l'environnement dans lequel évoluent les enfants et que l'on agit toujours de la même façon, sans perturbation selon cet environnement.

Si l'on effectue un pique-nique dehors, il n'est pas dénué de sens de réfléchir à l'acceptation d'un niveau sonore plus élevé, par exemple. Aménager l'environnement et le prendre en compte, c'est quand même une technique éducative pour arriver à ses fins. L'ignorer reviendrait à renoncer à des outils précieux.

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Je me suis peut-être emmêlé les pinceaux dans mes termes, notamment sur la portée de "rôle éducatif". Mais je n'ai dit nulle part qu'il ne fallait pas s'adapter à la situation. J'ai juste dit que, quelle que soit la circonstance, le repas reste un moment collectif de la journée et doit donc être animée et géré par l'équipe d'animation. Bien évidemment qu'on va s'adapter au circonstances, comme lors d'une activité selon le lieu, la météo, le matériel, etc... Mais s'adapter ne veut pas dire démissionner.

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On est d'accord, évidemment.

Après, au risque de s'éloigner, il existe certaines stratégies comme l'ignorance intentionnelle - on parle bien d'une ignorance ponctuelle face à un acte posé par le jeune uniquement dans le but d'attirer l'attention sur sa personne - qui peuvent être confondues avec le fait de "démissionner".

La différence, c'est que l'une d'elle dépend d'une stratégie éducative (discutable ou non, après je ne suis pas dans ce débat-là) et l'autre d'un renoncement éducatif.

Je me permets de faire la nuance qui est importante. Dans une équipe, on peut parfois porter un jugement de valeur sur l'intervention (ou l'absence d'intervention justement) d'un collègue en lui prêtant des intentions (le renoncement éducatif) alors que ce n'est pas le cas.

D'où l'intérêt de communiquer en équipe.

C'était la minute Bisounours.

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Ah oui, les grands moments de solitude ou d'incompréhension entre animateurs quand on voit un collègue ignorer volontairement un enfant, ou qu'on intervient au moment où l'enfant, à deux doigts d'être convaincu de l'échec de sa comédie allait obtempérer, oui, oui... c'est un classique. L'ignorance ponctuelle est certes discutable, mais face à un enfant qui a envie d'être au centre de l'univers, c'est généralement efficace. Et non ce n'est pas de la démission. C'est de la pédagogie de contradiction.

C'était la fin de la minute Bisounours : http://www.youtube.com/watch?v=uKeOug7z_fM

Et maintenant, silence les enfants, je vais manger ! :)

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Invité luc

j'adhere à la technique du "bras levé" car c'est une facon bruyante de ramaner le calme et elle permet aussi aux "enfants" de demander le calme si ils trouvent que le volume sonore est trop élevé...

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Invité Tiffaine

Pour les plus petits (et parfois les grands suivent aussi..) une toute petite chanson avec les gestes:

"Je cache mes yeux je montre mes yeux je met les mains en l'air

Je cache mes yeux je montre mes yeux je met les mains derrière mon dos, sans... un... mot : Chuuuuut!"

Et étonnamment ça fonctionne, ils se taisent tous! C'est moins draconien, les enfants se sentant moins agressé et ça change du levée de main qui ne fonctionne plus si c'est trop utilisé... Dans les rangs ils t'imitent, lèvent la main mais continuent de parler comme si tu n'existais pas.

Faut varier les méthodes et gueuler ne sert strictement à rien. Attendre, sans parler, en les regardant, ça fonctionne bien. A la cantine, surtout, ils se passent tous le mot. Et j'ai vu que certains parlaient de "carotte", ça fonctionne: "la table la plus sage sort la première et a par conséquent plus de temps de récrée"

Au goûter si on demande le silence et qu'ils ne le font pas, on s'asseoit, commence à gouter sans eux et ils vont tous se dire "pourquoi ils nous donnent rien, pourquoi ils mangent..etc" et vont rapidement comprendre que c'est parce-qu'ils sont bruyants.
En tout cas à mon centre de loisir ça fonctionne bien, on a tous ses petites méthodes qu'il ne faut pas hésiter à se partager entre nous.

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Invité Invité

Sujet éternel. Il n'y a pas de réponse miracle.

Peux être essayer un truc.

Dire aux enfants :" mais non c'est rien cela! Allez y crier plus fort. Laissez quelques secondes puis stop . Le calme revient très vite.

J'ai essayé une fois cela a marché. Mais il faut être dans une position bien visible.

Je n'ai rien inventé. Je l'avais vu dans le film :" les belles colonies de vacances". Film que j'ai bien aimé ,d'ailleurs.

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Demander aux enfants de hurler pour qu'ils se taisent ensuite, ça me semble de moins en moins opportun. Ca reste une injonction paradoxale : "je veux que vous vous taisiez alors je vous demande de hurler".

Pourquoi veut-on qu'ils se taisent d'ailleurs ? Qu'est-ce qui le légitime ?

Si ce n'est le fait de donner une consigne ou un programme pour la journée, bref des choses assez brèves pour lesquelles on n'a besoin que Pierre, s'il ne souhaite pas écouter, ne détourne pas l'attention de Léa etc... Et bien dans ces cas-là, il faut à mon sens expliquer pourquoi on demande le silence. Sans hurler : "je vous demande un tout petit temps de silence, ça ne prendra pas longtemps mais c'est nécessaire pour que vous puissiez vous organiser car je vais vous énoncer le programme de la journée".

J'entends la question sous-jacente du "quand il y a trop de bruit, notamment à la cantine, comment régule-t-on ?". On régule justement. Mais on ne demande pas à mon sens le silence complet. Ce serait agir en miroir de manière radicale. Pour réguler, chacun des animateurs peut aller au même moment vers une tablée et expliquer qu'on ne leur demande pas de se taire mais de diminuer le volume. Ca marche de manière assez efficace.

Enfin, et c'est à mon sens le point essentiel, obtenir le silence a à voir avec la légitimité. Et ça ne s'obtient pas via une méthode toute simple, toute faite, mais avec l'empathie et l'écoute qu'on développe auprès des enfants, et l'efficacité/la compétence que l'on a dans notre travail et que les jeunes nous reconnaissent.

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Invité luc

La bonne vieille technique de la carotte... Je m'explique

Bordel dans la cantine: 1° avertissement

Re bordel dans la cantine: 2° avertissement

RE RE bordel: 5 min en moins sur la veillée du soir, et ceci progressivement!

je suppose aussi que tu envoies les enfants qui font trop de bruits à la veillée se coucher...

Et si on se remettait en cause? Il y a toujours une raison à trop de bruit...

- retour au calme de la dernière activité mal géré?

- abscence des animateurs aux tables des enfants ( si le choix en a été fait fait)?

- repas trop long?

- trop de temps entre les plats?

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Je suis entièrement d'accord avec Luc.

Avant tout, il faut se remettre en cause, ou l'environnement... se poser des questions et trouver des solutions.

On peut aussi en parler en réunion d'enfants... et trouver avec eux des explications, des remèdes... voir des sanctions intelligentes... D'autant que tous ne font pas forcément de bruit à table... Donc, oublions les punitions collectives !

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Oui, et s'interroger aussi sur : "pourquoi demande-t-on le silence ?".

Autant, le fait de baisser le son, ça me semble légitime, et ça s'argumente bien : "le volume sonore me dérange, ça me fait mal à la tête, j'aimerais qu'on le diminue. En plus, cela ne nous permet pas de nous entendre correctement". Et ce, avec la présence d'un adulte à chaque table.

Autant, demander le silence ? Pourquoi ? Pour avoir l'attention de tous les enfants ? C'est à mon sens une illuson. L'attention des enfants se gagne, elle ne s'ordonne pas.

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