Invité Noël

Accident D'hydrospeed

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Invité Noël

En relisant le N° de Septembre du JDA, je tombe en page 11 sur un billet relatif à l’accident d’hydrospeed d’Août 99. Ce texte rappelle simplement que le risque 0 n’existe pas et que, jusqu’alors, les accueils collectifs de mineurs sont parmi les environnements les plus sécures pour les enfants. C’est bien de le rappeler et conforte nos efforts, même s’il ne s’agit que de sécurité physique.

Cependant, ce dramatique et déplorable accident inspire plusieurs lectures. Si celle citée est intéressante, il y en a d’autres :

Depuis le milieu des années 80, les centres de vacances, colonies ou camps d’ados, se sont engagés en suivant l’air du temps dans les voies de la marchandisation, de la consommation, de la domination de l’argent, du paraitre, de l’individualisme, de la vente et de ses corollaires la publicité et la séduction, etc… Et cet accident n’est qu’une inévitable résultante de ces influences :

La Mairie sélectionne des séjours qui vont flatter son électorat : activités « modernes », « comme à la télé » , conformes aux images de « tourisme » véhiculées par les marchands de vacances;

L’organisateur, nouveau marchand, « monte » et offre bien n’importe quel séjour pourvu qu’il se vende, inversant la logique partant des besoins ou des buts éducatifs en partant de ce qui va se vendre ;

Les parents déculpabilisés, flattés, même, d’envoyer leur enfant faire des activités à la mode, conforme aux images du tourisme adulte, comme sur les catalogues ; etc…

… pour une fillette d’une dizaine d’années qui aurait eu mieux à faire avec des grands jeux, de bonnes veillées, du vélo, de la danse, du chant, de la poterie, du théâtre et autres activités fondamentales et formatrices dans le respect d’un contexte de vacances.

C’est ce qui a motivé mes interventions sur cet accident disant qu’un examen de cette affaire « au fond » ne pourra que mettre en évidence que ce n’est pas l’animateur tout de suite incriminé qui est en cause, mais l’organisateur, la Mairie ou les parents pour les raisons dites ci-dessus. L’animateur n’a plus eu qu’à se débrouiller pour exécuter une « commande » idiote qui le dépasse : il a fait faire sur commande à une fillette de 10 ans une activité destinée à des sportifs adultes.

Mais non ! Il faut vendre des séjours pour faire… des bénéf, des salaires, des postes, des avantages divers, etc… faire du quad, des soirées casino, des défilés de mode, des jeux comme à la télé, faire jouer à nos petits des jeux de grands et faire des enfants des consommateurs à séduire.

Pourtant, notre engagement éducatif ne devrait pas être confondu avec un engagement commercial. Dans l’univers de marchandisation que nous connaissons, tentons de préserver l’éducation populaire de ces évolutions qui me semblent une erreur fondamentale. Dans notre secteur, nous sommes en général d’accord là-dessus. Alors pourquoi tant de déviances ? Les animateurs ont –ils à s’occuper d’enfants ou de consommateurs ? L’éducation populaire deviendrait-elle la consommation populaire ?

Noël KOLM

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Invité Invité

Aux yeux de nos politiciens on pourrait aussi distinguer :

-l'éducation populaire pour développer le brassage social, la culture, l'humanisme

-l'éducation populaire pour obtenir la paix sociale

Mais ne nous y trompons pas, ce n'est qu'une question de timing : l'éducation qui développe l'humanisme est de loin la meilleure pour obtenir la "paix sociale". Quand on est cultivé, sensible, intéressé, intelligent, éveillé, curieux, qu'on a de l'empathie, on ne va pas brûler des bagnoles un soir de réveillon.

Par contre l'éducation populaire dans un but de paix sociale, qui consiste à arroser le territoire d'animateurs pour qu'il y ait moins de jeunes à trainer dans les rues, celle-là vise à très court terme. On recrute l'animateur, et au bout de deux semaines il faut du résultat. Alors que les résultats d'une politique "éducative" ça doit se compter en années.

Il y aurait éventuellement une solution selon moi c'est d'accepter que l'animation soit pratiquée par des gens plus âgés qu'elle ne l'est actuellement. Par des gens plus posés, plus cultivés, mieux formés, sérieux ; immanquablement les postes doivent être plus intéressants, mieux valorisés qu'ils ne le sont.

Il faudrait aussi développer les ressources locales pour les décideurs (élus locaux, responsables associatifs) qui sont des grosses tanches.

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Salut,

Je ne pense pas que le fait d'avoir des animateurs plus âgés te garantisse des gens plus posés, plus cultivés et mieux formés. E

Etant entendu que pour les animateurs (et éducateurs), bref, les travailleurs sociaux "de rue", tu as quand même une formation autre que le BAFA. Trois années intenses de formation pour un éduc spé ou un ME, au moins deux pour un animateur dès lors qu'il a un DUT Carrières Sociales...

Je pense qu'après ces formations là, même si tu as 23 ans, tu as une formation intéressante (mais pas suffisante, on se forme tout au long de sa vie et de ses expériences), mais c'est dans la diversité des profils que l'on est le plus riche et le plus performant à mon sens. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes...

S'agissant du problème soulevé par Noël, en ce mois où l'éducation populaire redevient un intitulé ministériel, on peut effectivement s'interroger sur certaines pratiques. Je connais mal l'hydrospeed, je me garderai donc bien d'avoir un avis quand au fait que ce soit ou non adapté à des enfants.

Je pense qu'il faut savoir raison garder, et à la fois ne pas faire n'importe quoi et ne pas tout accepter, tout en s'adaptant aux nouvelles envies des jeunes.

J'ajoute un autre point : les activités à sensation ont des bienfaits chez les adolescents puisqu'elles permettent de soulager cette "pulsion de mort" qui se manifeste souvent à l'adolescence et entraîne des prises de risque. Accepter qu'un adolescent se mette en danger, mais encadrer précisément ces dangers (l'exemple qu'on sort souvent, c'est l'escalade, qui dégage un sentiment, avec le vertige, de prise de risque, mais l'ado étant attaché, cette prise de risque est encadrée par l'adulte) pour vulgariser et faire des raccourcis, diminuera le besoin parallèle de se mettre en danger chez lui.

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L'âge est une question plus générale. Je n'ai rien contre les animateurs jeunes, par contre en effet j'ai parfois du mal à composer avec les gens qui sont très impulsifs, ça c'est personnel.

Tu as évoqué un autre point toi-même en disant qu'on se forme tout au long de sa vie. De plus en faisant travailler des équipes dont la moyenne d'âge serait plus élevée, il y aurait aussi des conditions de travail qui seraient différentes. Il ne faut pas se leurrer, au-delà des questions d'engagement il y a aussi une plus grande naïveté chez les jeunes animateurs, qui se laissent facilement commander et qui acceptent plus facilement des mauvaises conditions d'exercice.

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On parle de l'éducation populaire, pas de l'éducation spécialisée. C'est bien dans l'animation BAFA qu'on se laisserait absorber par n'importe quelle mode de consommation, non?

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Invité Noël

Pour en revenir à mon texte de base relatif à l'analyse de l'origine du séjour avec hydrospeed et à l'accident comme conséquence de ces choix, peut-on dire qu'un séjour qui n' est monté que pour répondre aux souhaits des élus pour satisfaire leurs mandants, aux organisateurs pour faire de l'argent (des salaires, des frais, des voitures, etc.) et aux parents pour se faire croire que leur enfant a accès au tourisme des grands, un séjour comme ceci sans lien avec les besoins des enfants dans leur grandissement se trouve-t-il bien dans le champ de l'éducation populaire?

L'éducation populaire se définirait-elle, de nos jours, par des critères pour enfants comparables à ceux du tourisme pour adulte ?

Ce n'est quand même pas parcequ'on organise un séjour qui du fait de l'âge de ses participants et de sa durée relève de la règlementation des A.C.M. qu'il devient ipso facto un séjour dans le champ de l'éducation populaire. Quoi? La forme entraînerait le fond ?

La règlementation devrait absolument faire cette différence de buts sinon de nature.

Il ne s'agit pas de critiquer les commerçants, il s'agit de les écarter.

Il ne s'agit pas de diffamation, il s'agit de constater que nous ne sommes pas du même monde.

Et j'espère que nous ne laisserons pas l'education populaire se faire infiltrer par la marchandisation. Non, même si, hélas, la seule croissance dont il est de nos jours question est la seule croissance économique et productrice, nous sommes, nous, concernés par d'autres croissances: celle des liens humains, celle des arts, celle de nos connaissances, celle de notre bonheur. Et pas celle de la consommation, de la pub et de l'hypersexualisation vendeuse, celle de la télé pub, de la réduction des valeurs à celle de l'argent, etc...

Noël

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pour avoir bossé pour un gros organisateur de colo (un CE plutôt "branché" ;)), je crois qu'on s'est un peu pris les pieds ces dernières années à vouloir privilégier la demande (souvent des parents) par rapport au besoin. Je suis d'accord avec toi Noël qu'à 10 ans l'hydrospeed n'est pas un besoin, à 16/17 ans ça peut peut-être avoir du sens... Quand les colos ont commencé à s'afficher sur des catalogues, on est un peu rentré dans la surenchère et pour les pauvres gamins en vacances dans la suractivité!

Mais pour vous rassurer sachez que même les CE parmi les plus riches reviennent sur cette politique de colos "à sensation" (quad, karting, rafting....), pas pour les raisons qui nous animent nous mais pour des raisons purement pécuniaires. On aimerait une prise de conscience mais ya toujours que le porte-monnaie qui leur parle vraiment...

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Je n'y connais rien en hydrospeed, je le dis tout de suite. Mon discours fait donc référence à l'hydrospeed puisque c'est le thème, mais s'il n'est pas adapté à l'activité, considérer mon propos comme une réflexion globale.

Qu'à 10 ans, ce ne soit pas un besoin, c'est évident. A 17 non plus. A 40 non plus, à priori.

Mais après, s'il s'agit d'une envie, et autant que des besoins, je pense que l'animateur doit en faire sa priorité, d'un enfant (et pas des parents), qu'il permet d'assouvir une certaine pulsion de mort, qui fait partie, à l'adolescence, du processus visant l'individu à se détacher de ses parents, mais que cette prise de risque est encadrée par des professionnels, je dis pourquoi pas.

On se plaint que les médias parlent trop des rares accidents en ACM pour les généraliser. Ce n'est pas parce que, malheureusement, et j'en suis désolé pour les familles, un accident a eu lieu lors d'une activité d'hydrospeed (du moins je le pense, mais je le rappelle, je connais mal l'activité) que la mettre en place ailleurs relève d'une aberration.

Après, je suis d'accord pour dire que ces activités dites de consommation (mais je n'aime pas ce terme, trop facile de pointer du doigt ces activités car on a trouvé un terme de ce type pour les qualifier) ne doivent pas être systématiques sur les séjours. Pas plus qu'elles ne doivent systématiquement être écartées.

Selon le public accueilli, les activités qui font sens peuvent être radicalement différentes et je crois en l'intérêt d'une diversité des séjours proposés.

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