jean

Langage Intoxiqué Dans L'animation?

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D'abord une vidéo :

Scop le pavé - désintoxication du langage :

http://youtu.be/dh37kHiTtv0

En gros, on utilise malgré nous des mots qui trompent notre vigilance, en particulier dans le monde du travail. Parce que ces mots ont plusieurs sens, ou parce qu'un léger glissement de sens suffit à nous faire oublier quelque chose d'important.

J'ai deux exemples :

flexibilité : ça a l'air de dire qu'on travaillera davantage, ça signifie qu'il faut se résigner à être balladé de poste en poste et accepter d'être payé moins, etc. Je pourrais en dire du mal sur 10 pages.

projet : on pourrait en parler des heures. Freinet en a fait quelque chose dans l'éducation mais hélas aujourd'hui un "projet" concrètement ça a les mêmes propriétés qu'un "produit". Un projet est délimité dans le temps, il a un coût précis, on peut le vendre, il est adapté au monde de l'entreprise et il est terriblement positif. L'organisateur ne vend pas un produit mais "développe un projet", naturellement on a l'impression qu'il s'agit d'engagement, de philosophie, alors que c'est un service, autrement dit un produit d'économie tertiaire...

Et si ça tente qui que ce soit, je pense que ça serait intéressant de noter ici tous ces mots qui transforment nos pratiques, qui nous agacent par leur double sens ou par le glissement de sens qu'ils induisent.

L'idéal serait de pouvoir actualiser régulièrement la liste en tête de sujet mais le message n'est éditable que pendant une heure je crois... Olivier si tu me lis... :idiot:

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éducation : j'ai l'impression qu'il y a plusieurs significations. De manière générale, l'éducation d'une personne est tout ce qui, dans l'histoire de cette personne, a contribué à former sa personnalité.

"le manque d'éducation" signifie en général "le manque de savoir-vivre" quand on en entend parler dans les médias, ou par des élus. Il est étroitement lié à l'autorité : l'autorité serait le comportement nécessaire pour éduquer, pour "mettre dans le droit chemin".

On peut aussi parler d'éducation comme composante d'un milieu social : l'éducation bourgeoise, l'éducation protestante, etc. Dans ce cas on associe l'éducation morale des personnes et leur environnement culturel.

Quand on parle d'éducation populaire, là où c'est fort, il s'agit de s'instruire pour être capable d'exercer son libre arbitre. Les mouvements d'éducation populaire ont une visée révolutionnaire ; il ne s'agit pas d'enseigner la révolution, il ne s'agit pas d'apprendre aux gens à se révolter, il s'agit de faire circuler dans le peuple les informations qui concernent le peuple sans que celles-ci soient contrôlées par ce qui n'est pas le peuple (par exemple une chaine TV d'information unique possédée par un dictateur). En ce sens l'éducation est contre un principe général d'autorité.

Il arrive parfois qu'on parle du niveau d'éducation d'une population, alors éducation peut parfois vouloir dire instruction, ça arrive lorsque des démographes ou sociologues étudient quel pourcentage de la population sait lire, écrire, compter, obtient des diplômes d'études supérieures.

pédagogique : ses utilisations sur-multiples (projet pédagogique, moyen pédagogique, objectif pédagogique, pédagogie, budget pédagogique, équipe pédagogique) par différents corps de métier (journalisme, éducation nationale, animation, recherche scientifique...) lui ont donné plusieurs sens qui semblent parfois contradictoires. Personnellement j'ai du mal à identifier un sens général à "pédagogie", j'aurais tendance à simplifier en disant qu'il s'agit de tout ce qui est consciemment mis en place pour l'éducation de quelqu'un... pas simple...

-équipe pédagogique ou équipe éducative (ça permet d'exclure de l'équipe le personnel de service) (et de légitimer les inégalités de traitement, notamment salariales)

-pédagogique dans le sens "pour les enfants" : structure pédagogique, équipe pédagogique, moyen pédagogique, projet pédagogique, budget pédagogique, etc. A mon avis il n'est pas rare que ce sens de "pédagogique" exprime le mépris pour tout ce qui n'est pas l'éducation autoritaire. Par exemple lorsque des profs du secondaire critiquent les tendances pédagogistes des profs des écoles ; ou lorsque des élus se moquent des méthodes pédagogiques d'une équipe d'animation.

-pédagogique qui signifie vulgariser, expliquer simplement et de façon accessible des notions complexes.

-pédagogique trouble : lorsqu'un politique parle de pédagogie "il faut faire de la pédagogie" c'est pour expliquer au peuple quelque chose que le peuple n'a pas compris, il s'agit de réussir à convaincre les gens qui les ont élus qu'ils se sont trompés. Je vous laisse méditer là-dessus...

-la pédagogie comme mode d'éducation, qu'il soit doux ou violent (pédagogie Freinet / pédagogie noire)

-la pédagogie comme mode didactique = mettre en place un dispositif didactique

C'est un peu flou tout ça, je ne sais pas trop où je vais. Une chose dont je suis sûr, on a intérêt à savoir de quoi les gens nous parlent pour faire des choix éclairés, pour être capables de nous défendre et surtout de mettre en valeur notre travail d'animateur.

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Animateur volontaire : en référence aux pompiers ou aux militaires? En tout cas les animateurs ne sont ni l'un ni l'autre. Encore un statut d'exception pour se donner le droit de ne pas payer des gens qui font un travail. Je continue de dire la grande hypocrisie de ce fonctionnement et souhaiterais qu'on appelle les choses par leur nom. Il existe des équipes où les deux statuts coexistent et où certains sont "volontaires" tandis que les autres sont "professionnels", la seule différence : le mode de rémunération. Seule et unique différence. Donc ne plus dire "animateur volontaire" mais "animateur non salarié". Si les gens sont là par engagement et/ou vocation, on peut avoir toute confiance en leur persévérance.

Animateur professionnel : idem cet anim partage les missions et postes des non salariés, le professionnel est saisonnier et précaire. Il n'a pas forcément de diplôme supplémentaire, ce qui change c'est le mode de rémunération, je propose de ne plus dire "animateur professionnel" mais "animateur salarié".

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Invité Invité

Un tel niveau d'intoxication est impressionnant. Je t'invite à revisiter les notions d'animation volontaire et d'animation professionnelles et les enjeux qui vont avec, parce qu'ils ne se limitent pas à une question d'euros et de fiche de paie.

Tant que tu y es, penche toi un peu sur la notion de volontariat aussi.

C'est là la limite des forum, n'importe qui peut balancer une suite de positionnements erronés ou incomplet, le risque étant que si tout cela est bien tourné (car il faut reconnaitre l'aisance à l'écrit de l'"auteur" de ce post) certains le considèrent comme parole d'évangile

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Entièrement d'accord, je suis forcément limité par ce que je perçois, assez conscient d'être un peu barré, y compris d'être trop peu critiqué. C'est même pour ça que j'ai des périodes où je ne viens quasiment plus écrire du tout sur le forum.

Et revisiter, je le fais continuellement et avec sincérité, au risque de me planter. D'ailleurs les forums sont faits pour ça, pour se planter, pour dire des choses qui seront critiquées.

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Je ne suis pas d'accord non plus sur le fait qu'il faille privilégier le terme d'animateur salarié à celui d'animateur professionnel et ce, pour au moins une raison, très politique, qui consiste à se dire que si nous mêmes, animateurs, ne nous revendiquons pas comme professionnels, alors nos différents interlocuteurs, et notamment ceux qui nous financent, auront encore moins de barrières pour raboter d'autant nos droits/salaires à l'avenir.

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Ces barrières moi je ne les constate pas dans les faits, les animateurs sont déjà très peu payés et très mal considérés et la perméabilité entre les états de volontaire et de professionnel est totale.

En revanche je suis bien d'accord pour défendre la valeur des animateurs, la valeur de l'animation, la valeur du travail éducatif et social pour l'enfance. Mais je vois mal en quoi se définir comme animateur professionnel pourrait convaincre quelqu'un qu'on fait un travail plus utile qu'un autre.

Et j'ai beau relire ces idées très belles et ces intentions très nobles, je ne peux m'empêcher de constater qu'à l'évidence le fonctionnement économique explique en quelques lignes ce que l'idéologie du volontariat met des pages à justifier péniblement.

Et que dire des associations comme cébidule qui défendent de toutes leurs forces le volontariat sur des principes idéologiques, tandis qu'il s'agit d'un pilier de leur fonctionnement économique...

Il y a quelques temps je suppose que c'était le même invité avec qui on avait échangé sur le CEE et j'avais parié que la France se serait débrouillée pour installer un statut quo (vis à vis de la cour de justice européenne). La logique économique me semble résolument supérieure à toutes les autres considérations.

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Après revisitage sur les conseils de notre invité mystère, s'il m'apparaît que des grosses associations mettent derrière le mot de volontariat toute une idéologie de l'engagement et du don de soi ainsi que de futurs projets européens, j'arrive toujours pas à définir autrement l'animateur professionnel que comme celui qui veut vivre de son engagement ; tandis que le volontaire serait celui qui veut s'engager sans contrepartie.

Il n'en reste pas moins que cet animateur est déclaré volontaire et que ça reste un mot avec une signification autrement plus complexe que l'adjectif "volontaire" «qui procède de la volonté et non des automatismes, des réflexes ou des impulsions».

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Invité Caro

un animateur professionnel n'est il pas un animateur qualifiés et possédant des compétences et connaissances un peu plus approfondis qu'un anim bafa lambda ?

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Qualifié? Tu veux dire BPJEPS, DEJEPS... ?

Je ne pense pas. Je crois qu'on utilise le terme "animateur professionnel" pour les animateurs de classes de découvertes ou autres animations techniques (associations à projet culturel par exemple), un BAFA suffit.

Je pense aussi qu'on dit "animateur professionnel" pour des gens qui sont dans les accueils périscolaires, parfois même dans les centres de loisirs (quand il y a une équipe permanente). Pareil le BAFA suffit. Un BP ou un BE est même le moyen de prendre des responsabilités... et donc faire moins d'animation.

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Salarié : le mot est pas mal mais finalement il participe à laisser croire que le salarié est un privilégié, voire un profiteur, tandis que le bénévole est le seule à être engagé moralement et que c'est donc le seul qui fait de la qualité. Je propose de dire "qui est payé".

Du coup il faut changer :

Animateur professionnel : je préfère dire animateur payé. Ou éventuellement animateur qui travaille. Le mot travail est pas mal puisqu'il fait bien le lien avec le code du travail dont dépendent les animateurs payés.

Animateur volontaire : il faut absolument préciser dans la dénomination qu'ils ne dépendent pas du code du travail, donc ils ne travaillent pas (et ils n'ont pas les mêmes droits que ceux qui travaillent, en particulier le salaire et les heures de repos). Il faut préciser aussi qu'ils sont là pour créer un renouvellement idéologique. Pourquoi pas animateur de renouvellement idéologique, bien que ça ne me convienne pas complètement parce qu'on oublie l'idée qu'ils ne sont pas payés. Après tout, tel que vanté par les promoteurs de l'animation volontaire, c'est une fierté de ne pas être payé car on déclare ainsi être incorruptible. Je pense donc que c'est mieux de bien clamer qu'on n'est pas payé. Donc animateur non payé pour le renouveau idéologique. On peut sûrement trouver une meilleure formulation.

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Regardez un peu, pour rire (allez, on dit que ça compte pour du beurre) :

Description d'une formation d'animateur "culturel".

«Avec la spécialité « Animation Culturelle », le titulaire du BPJEPS favorise une logique de développement du lien social en facilitant l’accès à une culture partagée, notamment pour les publics qui en sont le plus éloignés de par leur milieu social, culturel ou géographique.»

C'est gratiné quand-même, non? Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'on va franciser nos arabes et nos chinois? Et les bretons, on va les franciser aussi?

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je revendqiue mon statut d'animateur volontaire, je suis salarié et je passe toutes mes vacances sur des sejours de vacances, je n'en vis pas.

l'animateur "professionnel" en a fait son metier et veux en vivre, j'en ai fait partie.

vosu vous faites des noeuds au cerveau!

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J'oubliais mais naturellement il faut que je cite cette intention de transformation de la loi :

http://www.mediapart.fr/journal/france/180213/le-gouvernement-veut-encadrer-plus-strictement-la-liberte-dexpression-sur-le-net

2013, notre gouvernement socialiste déclare vouloir abolir la liberté d'expression sur internet.

Biensûr ils ne le disent pas comme ça. Le gouvernement a interviewé Najat Vallaud Belkacem (qui fait elle aussi partie du gouvernement) (ah bon ils ne s'embêtent même plus avec des journalistes maintenant...). Et la ministre a dit :

«Il n’y a rien de virtuel dans ces propos haineux et discriminatoires qui doivent rester exclus du champ de la liberté d’expression

http://www.gouvernement.fr/gouvernement/interview-exclusive-de-najat-vallaud-belkacem

Voilà c'est tout simple, on garde la liberté d'expression mais uniquement pour les propos autorisés et légaux. Les propos non autorisés ne font pas partie de la liberté d'expression.

Autrement dit, on met fin à la liberté d'expression.

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Invité Invité

On peut discuter de ce qu'on entend par "propos autorisés" en effet. Mais "légaux"!!? Encore heureux qu'on ne puisse pas laisser passer des propos illégaux, dans la réalité comme sur le net. Selon toi, interdire à quelqu'un de faire l'apollogie du racisme, de lancer un appel au meurtre, de diffamer quelqu'un... alors que c'est illégal, c'est la fin de la liberté d'expression ? ??

Ho, Jean...t'as craqué pour de bon là

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J'ai peut-être craqué mais toi sois un peu digne dans tes attaques, tu insultes l'intelligence en écrivant que je pourrais encourager des appels au crime.

L'intention du gouvernement est de rendre illégaux certains propos dont les propos sexistes, haineux ou handiphobes. Le communiqué du gouvernement ne donne pas de limite précise.

http://www.pcinpact.com/news/81874-comment-actuelle-majorite-va-accentuer-responsabilte-intermediaires.htm

Je n'ai pas lu le projet de loi, je ne sais pas si le projet entier est passé ou ce qui a été retiré. D'un point de vue purement technique je n'ai donc rien à dire.

D'un point de vue éthique il me semble que si on transforme en infraction les propos sexistes, haineux et handiphobes, on les rend illégaux. J'hésite entre "propos non autorisés" et "propos illégaux" parce que la limite n'est pas définie, il manque des précisions.

La seule précision importante qui manque c'est comment juger si c'est sexiste, si c'est haineux, si c'est handiphobe. Il sera très très difficile de mettre une limite précise, suffit de se dire qu'il faudrait par exemple faire disparaître de youtube tous les sketches de Bigard, de Jérémy Ferrari ou toutes les chroniques de Zemmour... et je ne les connais pas tous car je n'ai pas de TV, je sais juste que le principe de la TV est de faire des pics d'audience aux moments où les pires humiliations et crimes sont montrés, de préférence lorsqu'ils sont présentés comme réels (journal TV, téléréalité).

Donc à la télé on a Nabilla... tandis que sur le net, notre gouvernement cherche à transformer en infraction quelqu'un qui fera des blagues sur les femmes, sur les handicapés, ou quelqu'un qu'on jugera trop haineux.

Je souhaite bien du courage aux juges dans cette histoire.

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Ba moi ça me choque pas. Enfin, je fais que survoler la chose, mais que ce qui tombe sous le coup de la loi ne rentre pas dans les libertés, c'est logique, non ?

Sans vouloir atteindre le point Godwin (que je vais pourtant me faire un plaisir de titiller), quelqu'un qui fait l'apologie du nazisme ne peut pas le justifier par "c'est ma liberté d'expression". De tels propos tombent sous le coup de la loi.

Et on ne peut pas être ambivalent en disant à la fois "c'est puni par la loi" et "vous êtes libres de le dire".

Mais vu ton intervention, j'ai l'impression que mon raisonnement est trop simpliste et qu'il me manque un paramètre. Tu peux m'éclairer ?

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Les propos sexistes et handiphobes c'est indéfinissable, haineux franchement c'est pareil...

•Il y a des sexistes sur le web, honnêtement pour avoir un peu participé à des réflexions sur le thème de l'égalité entre les sexes, etc. en tant qu'animateur faut pas se voiler la face : tout le monde est concerné sauf des gens qui parviendraient à être égalitaires à l'extrême.

Dans les forums web, les discussions sur les différences entre les animateurs et les animatrices pourraient se retrouver amputés de 9 messages sur 10, il ne resterait que les messages légaux, les messages qui disent la pensée officielle : "les hommes et les femmes sont parfaitement identiques", et tous les autres messages de la discussion disparaîtraient.

Ensuite on sait pas qui serait concerné par les condamnations : hébergeur, webmaster, utilisateur par traçage IP...

Le gouvernement avait pour intention de faciliter les procédures, donc organiser leur multiplication (en fait si j'ai bien compris tout internaute peut déclencher un signalement sur un site web spécifique).

Ce qui implique déjà que les webmasters préféreront sur-modérer plutôt que risquer de se faire condamner.

•Les propos handiphobes... mais c'est quoi? Je ne crois pas en avoir déjà vu. C'est les invectives, vous pensez? Genre il sera interdit d'écrire les invectives qui sont liées au handicap, genre "fils d'unijambiste" ?

•Les propos haineux, c'est pareil, comment les définir... Des gens qui subissent un plan social et qui expriment leur colère sur le web, interdit car trop haineux?

Sur un principe plus général la liberté d'expression vaut car elle est une condition sine qua non de la démocratie, du débat démocratique. Il faut écouter et lire les gens avec qui nous ne sommes pas d'accord, on pourrait rater quelque chose d'intéressant.

Ceux qui réclament de l'action violente, des crimes, etc. évidemment qu'il faut les empêcher de nuire.

Mais ceux qui sont contre les idéologies officielles, je suis désolé, c'est important qu'ils s'expriment. Ne serait-ce que pour qu'on les contredise.

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Ah allez encore un autre document charmant, j'étais content, je pensais que c'était pas les ceméa mais finalement si, c'est eux.

Déjà, voici le premier doc.

Je ne mets qu'un lien parce qu'il n'est même pas daté... Pas de date sur un document "militant" allons bon. Bref.

Quelques grands moments de vocabulaire et de rhétorique :

«Le Pasteur Bion, que l’histoire repère comme le créateur des "colonies de vacances" n’était pas un "professionnel" de l’éducation»

Ok donc il y a 140 ans il y a un type qui avait assez d'argent et de temps pour se consacrer aux enfants. C'est très très bien et j'aimerais pouvoir en faire autant aujourd'hui...

«les dames patronnesses qui le soutenaient étaient bénévoles par vocation...»

Oui, parce que j'allais dire, les dames Pasteur devaient se compter sur les doigts de la main à l'époque. Autrement dit, c'est pas parce que c'était comme ça hier qu'il faut faire comme ça aujourd'hui.

Et puis non mais arrêtez, les gars : "bénévole" fin 1800, enfin! Y avait-il beaucoup d'ouvriers qui se portaient bénévoles à cette époque?

Au fait "bénévoles par vocation" c'est là que veulent nous emmener ceux qui promeuvent "l'engagement éducatif". Ah justement, la phrase suivante :

«L’engagement bénévole et volontaire de personnes dans l’organisation et l’encadrement des colonies de vacances et des centres aérés ne date pas d’hier.»

Ah vous voyez! Donc le collectif CAPE veut nous dire que le système actuel des colos est un système qui a une longue histoire (sans doute pour justifier qu'il ne faut pas le détruire... et c'est pour ça qu'ils vont proposer qu'on le réforme vous allez voir).

Ils sont un peu grossiers dans leur façon d'étaler les éléments de langage : "bénévole", "engagement" et "volontaire" dans la même phrase... C'est bon on a compris. A force de répéter que les volontaires sont engagés ça va devenir une réalité.

«Cette affirmation, comme quoi l’animation volontaire serait un, sans doute parmi d’autres, des éléments fondateurs et fondamentaux du sens éducatif des ACM traduit le regard que les Ceméa portent sur les vacances et les loisirs collectifs de mineurs et sur l’animation.»

Hop vous l'avez remarqué? Le changement de sens du mot "volontaire"?

Dans ma citation précédente, les "volontaires" sont ceux qui ont de la volonté, ceux qui veulent faire des choses. Ici, les "volontaires" sont ceux qui suivent le cadre précis de l'animation dite "volontaire", autrement dit ceux qui obtiennent un contrat d'engagement éducatif actuellement (2013). D'ici quelques années ils auront sûrement le statut de volontaire en service civique européen.

«pour nous, l’animation est "une" mais nous avons fait le choix ici de traiter l’apport spécifique de l’animation volontaire.»

En communication, ce qu'il faut dire c'est ce qui ne va pas de soi. L'animation est unie... pour défendre cette idée de volontariat. Mais sinon, les animateurs salariés on n'en a rien à foutre.

«Cette réflexion (...) situe explicitement les accueils collectifs de mineurs comme, au sein des temps libérés, des réponses à une demande sociale, une conquête issue des luttes sociales, et comme des espaces éducatifs en tant que tels et qui doivent le rester !»

"Une conquête issue des luttes sociales", l'engagement éducatif? Les animateurs n'ont jamais demandé à être aussi peu payés. Les syndicats réclament le droit d'être payé tout en travaillant moins d'heures pour ne pas être précisément un esclave toute sa vie, pour être libre. Les syndicats ont obtenu ça et les luttes sociales en même temps ont obtenu que les enfants ne travaillent pas : alors les enfants sont libres et ils peuvent venir en centre aéré, en colo, etc.

L'Histoire ne réclame pas que les enfants aillent en colo ou en centre aéré.

Et c'est quoi ce truc de "temps libéré"?!

«Encore aujourd'hui l'alchimie étrange que représente ce groupe a priori hétérogène de professionnels de l'animation, de volontaires et d'enfants et de jeunes est créatrice d'énergies insoupçonnées !»

Dingue ils font trois pages sur le comment économique, et sur le pourquoi ils utilisent des mots qui relèvent de l'irrationnel comme "alchimie" et "énergie insoupçonnée".

C'est à dire qu'ils nous ont déjà tellement endoctrinés qu'ils n'ont même plus besoin d'argumenter. "c'est magique c'est tout".

Je fais pas toute la suite, c'est le paragraphe sur la future transformation de l'animation des saisonnier en machine de guerre économique européenne : le service civique européen.

«Ce dossier est au travail avec le gouvernement et les acteurs du secteur.»

Les acteurs, lesquels... pas les animateurs en tout cas! Prenez un jeune dans la rue qui veut faire un peu d'animation et demandez-lui ce qu'il pense de l'europe. Soyez franc, évitez tout ce qui est alchimique ou insoupçonné. Le jeune il y connait rien.

Le jeune, que vous appelez "acteur" parce que selon vous il crée "des énergies insoupçonnées" n'est plus acteur au moment de s'occuper des choses réellement sérieuses comme la politique européenne.

La seule question qui agite le gouvernement, c'est le lien de subordination entre l'animateur non salarié et son employeur... ou son... son supérieur hiérar... son... dire... euh... la subordination entre l'anim non salarié et la structure où il va faire de la magie.

http://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130405993.html

"on a un problème avec nos lois européennes, on avait pas prévu le coup, on s'est donné l'obligation de payer les animateurs et on regrette, on voudrait trouver un moyen de revenir sur notre décision"

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Invité Invité

"temps libéré": temps qui n'est pas consacré au travail, à la gestion quotidienne de la maison, de la famille.. Libéré de contraintes, donc temps de loisirs si tu préfères.

C'est pas un terme inventé de la semaine dernière.

Sinon, bravo pour cette tirade. On touche le fond de l'ignorance et de l'interprétation subjective là...

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Quelle différence avec le temps libre?

L'ignorance? Oui ça sûrement mais bon toi on peut pas dire que t'es pédagogue non plus. Tu fais pareil avec les enfants quand ils ne savent pas quelque chose? tu les traites d'ignorants?

Ignorance quand j'essaye d'avoir un regard un peu critique sur l'histoire? On fait appel à l'histoire pour légitimer quelque chose, c'est intéressant de se demander en quoi c'est critiquable.

Mon interprétation subjective de ce qui est appelé "l'engagement social" : oui oui pas de souci. Que les luttes sociales demandent de l'animation, ou "des temps éducatifs" je suis prêt à en parler tiens... je dis que les pauvres luttent pour demander de ne plus être inféodés à des riches : le travail libre, éducation libre. Et j'oppose les deux oui.

L'animation c'est magique, c'est tout : eh bien c'est précisément ça : le texte argumente autant qu'il peut sur le futur de la politique économique de l'animation et il ne donne aucun argument sur des choix éducatifs. Autrement dit le fondement de ce projet, c'est juste de la magie. Super convaincant! Il faut de l'animation parce que c'est magique... C'est bien, c'est digne.

L'ignorance sur "les acteurs du secteur" : tu vas peut-être me faire croire que les ceméa prennent en compte la parole des animateurs... qui... sont formés par les ceméa? Ou alors ils prennent en compte la parole des employeurs d'animateurs, ceux-là qui n'ont absolument aucune envie de payer les animateurs...

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