Bonjour
Voila je me présente : je suis Jack L'anim, mais j'ai perdu mon pseudo donc j'ai créé un autre compte pour continuer a parler en tant qu'inscrit. J'ai un projet : aborder des points de questionnement de l'animation d'un point de vue philosophique et linguistique. Apporter des réponses à certaines idées en essayant de puiser des références chez les grands philosophes et les grands penseurs de notre temps. Donc, voici ma première publication ici, et je ne m'offusquerait pas si vous ne lisez pas en entier ou si vous n'y apporter pas de commentaires ou de critiques (de kritikein : analyser).
Bref premier sujet de philo au bac en philo/animation :
Quelle est la valeur des activités artistiques en animation ?
Ca arrive à tous les animateurs et à toutes les animatrices. Vous pêchez sur le programme d’activité que l’on doit réaliser pour le mois prochain. Alors, pour ne pas prendre de risque vous inscrivez « Pâte à sel » ou « Plastifou » voire « théâtre ». Ca y ‘est le projet du centre est approuvé par votre directeur et vous rentrez chez vous l’esprit léger. Ca fait ça de moins à penser, vous dites vous. Combien d’animateurs, lorsqu’ils rencontrent un thème quelconque pensent immédiatement aux activités manuelles, artistiques que l’on peut développer par associations d’idées. Le nombre est incalculable mais il suffit de regarder sur les forums spécialisés le nombre de demandes concernant les projets, les demandes d’activités. Attention, il faut faire du vrai, du concret, du lourd et favoriser la création, surtout, il faut que Gabriel et Nadia ramènent chez eux la sculpture en bouchons qui corresponds au thème « flotter sur l’eau ». Je ne cesse d’imaginer que les parents font chaque année un joli nettoyage de toutes les créations plus ou moins réussies que leurs enfants ramènent à la maison. Alors, la question est bien là, pourquoi proposer des activités de création et d’expression dans un centre de loisirs ? Est ce grâce à ces sculptures brutes que nous allons instiguer l’envie de créer aux enfants ?
Aujourd’hui c’est peinture avec Manon et décoration avec Richard.
Premièrement, il est de bon ton de rappeler que les formations BAFA comportent toutes des passages où les animateurs apprennent les activités les plus basiques, comme les pompons, les balles à jongler, les scoubidous, etc. Certains de mes formateurs avaient été surpris lorsque sur mon approfondissement « petite enfance » j’ai choisi de montrer aux animateurs les ateliers d’écriture. Bien sûr, je leur ai expliqué que ça ne correspondait pas aux thèmes de la petite enfance que de jouer sur les mots par écrit. Mais ça a bien fonctionné quand même et j’étais assez satisfait que des animateurs s’essayent à jouer sur les codes selon les jeux que je leur apprenais.
Ensuite, nous pouvons rappeler qu’en règle générale, les enfants sont plutôt ouverts à tout ce qui est création, bricolage, activités manuelles. Bien sûr, il faut se rappeler que tous les enfants n’aiment pas ce genre de choses, pour des raisons X ou Y. Mais une fois que les pots de peinture sont débouchés, place à « l’imagination », voila que les esprits et les petites mains deviennent créatifs. Et lorsque le dessin est fini, on fait sécher en attendant de le donner aux parents le soir venu. J’exagère à peine, ayant déjà eu recours à cette solution de facilité. Pour ma part, je préfère de loin les activités théâtres qui, même si elles n’ont pas de réalité physique concrète à montrer, génère des souvenirs pour longtemps (du moins, je le crois). Mais les activités artistiques subissent un sortilège que nous sommes les premiers à défendre.
L’Art Brut au service des loisirs
Petite définition de l’art brut : au sens large, il définit les formes d’expressions artistiques propre aux individus n’ayant reçu aucune formation en art, et qui choisissent du jour au lendemain de créer des formes à partir de rien. Le cas le plus commun est le cas du Facteur Cheval, qui construisit un mausolée gigantesque et continua à fabriquer à partir de ciment, des statues, des décorations jusqu’à sa propre tombe. Dans un sens plus restreint, l’art brut désigne l’art des aliénés, qui eux n’ont plus n’ont pas eue de formation artistique et qui se sont pris à dessiner, peindre, sculpter, graver pour leur plaisir généralement. Mais qu’est ce que j’appelle formation artistique ? C’est tout simplement les bases d’histoire de l’art, de composition classique, la culture artistiques telle qu’on la trouve dans les musées. Il ne faut pas non plus croire que les artistes modernes n’ont aucune formation en art. C’est justement par réaction qu’ils ont réalisé les étranges œuvres du centre Pompidou.
Il faut bien s’en rendre compte, nos activités artistiques sont plus inspirées par l’art brut, avec rarement d’explication sur la peinture classique, les enfants ne connaissant en général que La Joconde et quelques tableaux « moches » de Picasso. Et puis, pensent beaucoup d’animateurs, ce n’est pas notre rôle de faire des cours d’art qu’ils auront de toute façon à l’école. Mais j’arrête la critique ici, avant de la reprendre plus loin, et je mets l’accent sur la notion de plaisir personnel lié à l’Art Brut. En effet, notre but premier dans l’animation, c’est faire prendre du plaisir. C’est ainsi qu’une peinture horriblement surchargée de plusieurs couches de gouache sera « très sympa » car l’enfant se sera bien amusé à la peindre. Plus généralement, dans un autre ordre d’idée, une pièce de théâtre jouée de manière aléatoire par un groupe d’enfants sera immédiatement « mignonne » car on voit que les boud’chous ont eu du plaisir à jouer. Et monsieur prend une photo de sa fille qui joue la princesse et madame sert dans ses bras le petit chevalier à la fin de la pièce. Je ne nie pas que c’est on ne peut plus intéressant que de montrer que l’art peut permettre d’avoir du plaisir, dans le jeu, dans la représentation. Mais si les activités artistiques s’arrêtent à cette notion de plaisir, je pense que nous occultons beaucoup de choses dans la formation artistique de l’enfant.
Le danger de l’amateurisme.
Car voila où nous mène la prise en compte du plaisir comme point axial de l’activité artistique. Imaginez maintenant, que pendant toute son enfance, le jeune esprit a pratiqué toutes sortes d’arts, d’expression dans le cadre des loisirs. Lorsque arrivent les cours d’art plastiques et de musique au collège, voila que l’idée est profondément ancrée en lui : de toute façon, l’art c’est pour s’amuser. «Les artistes ils se sont marrés à peindre des tableaux, pour montrer la beauté, ils se sont amusés à peindre un visage dans des fruits, ils sont presque mort de rire en écrivant des pièces de Molière. Et puis, avant, c’était un métier, mais maintenant, c’est un loisir. Maintenant les métiers c’est sérieux, et l’art ça ne l’est pas. C’est le Français et les maths qui sont beaucoup plus importants que les arts plastiques où on va bien s’amuser à peindre. » Voila ce que pourrait dire un jeune préado arrivant en sixième. Et voila un des poncifs de notre société : la division des domaines. L’art c’est de l’art, c’est « inutile », l’ordinateur au moins c’est utile. Et en limitant l’art dans l’enfance à la seule pratique de loisirs, on empêche de comprendre les éléments qui le constituent entièrement.
Le cloisonnement de l’art est donc l’un des éléments qui constitue la division habituelle du monde pour les jeunes de maintenant : le travail et le temps libre. Le travail comme tripalium, cette étrange fourchette qui servait à torturer pour les latins, et le temps libre où l’on à pas à se soucier de « bosser ». Et si jamais on se sent appelé par un métier artistique, voila notre ami le doute qui fait sonner à nos oreilles les doux mots de « chômage » et difficulté. De plus, cette conception de l’art nous oblige à voir le monde de l’art comme un monde joyeux, et c’est toujours une surprise de se rendre compte à quel point nombreux sont les artistes qui ont été condamnés à mort, où qui se sont suicidés. Pourquoi donc, vu que l’art est censé apporter du plaisir ?
Terreur et Pitié : Voila des grands monsieur à faire entrer dans nos pratiques.
Notre obstination à protéger l’esprit des jeunes enfants nous empêche de montrer toute la réalité de l’art. Si on regarde un film qui est triste, ou tout respire la tragédie, on se mord automatiquement les lèvres en disant « j’aurais pas du leur faire voir ça. ». Mais que disait notre bon Aristote à ce sujet ? L’art n’est il pas une purgation des passions ? L’on ne doit pas passer, en tant que spectateur, par des états bien désagréables, pour élever sa morale en regardant une tragédie ? Combien de films où la fin n’est pas heureuse avez-vous regardé étant enfant ?
Je sais que cet article à du paraître pour beaucoup très critique. Je ne nie en aucun cas les apports des activités dans les espaces de loisirs. J’en ai même pratiqué et j’ai beaucoup apprécié, pour ma part. Mais je persiste à croire qu’il faut rajouter une petite dose de critique, faire évoluer la pratique, parler d’autres créations originales, pour les plus grands essayer de regarder des pièces de théâtre autre que « Mr Ballon vole au vent » (nom inventé, mais vous voyez bien le genre). Et pour certaines activités, pourquoi ne pas inviter un acteur de théâtre, un écrivain, un ou une peintre ?
Je sais que certains me rétorqueront qu’il y a peu de temps dans un espace de loisirs. Je le sais. Mais je sais aussi que quand on se donne les moyens, on peut vraiment faire de bonnes choses.