Cesco

Avocat Du Diable

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Petite réflexion que je me suis faite ce matin avec un groupe de 6-11 ans...

Je précise d'emblée que je me fais l'avocat du diable, et que je ne suis pas forcément convaincu par ma "théorie". Mais je pense que ça peut dégager quelques pistes de travail intéressantes...

Est-ce que, face à un groupe de jeunes, ou un groupe d'enfants, un animateur dont la pratique d'animation est réfléchie ne serait-il pas plus dangereux que l'animateur lambda, qui cherche avant tout à obtenir le calme plus que l'épanouissement des enfants, en prenant notamment des décisions arbitraires ?

La théorie serait basée sur le fait qu'on entre de plus en plus dans un système où les enfants sont eux aussi consommateurs. Ils veulent avoir tout, tout de suite, ce qui est plutôt normal, lorsque l'on est enfant. Sauf qu'aujourd'hui, la société rentre dans ce système, et offre tout à ces enfants, la plupart du temps pour compenser un manque de temps à consacrer à ceux-ci.

Aussi, quand on demande à ce groupe de 6-11 ans d'amener un objet pour le présenter à leurs camarades, un objet qui compte pour eux... Et ba on se retrouve avec des MP4 et des DS... Mouais...

Ces objets comptent sans doute beaucoup pour eux, mais quelle "privation" y a-t-il eu derrière ? Quelle idée renvoie le fait d'accorder tout, tout de suite à ces enfants ?

Ceux-ci ne connaitront sans doute jamais l'attente avant d'avoir quelque chose d'inespéré, objet de toutes les envies de l'enfant... Et dans les souvenirs, l'attente est finalement au moins aussi importante que le moment où l'on obtient l'objet (on s'en lasse plus vite quand on l'a que quand on l'espère...).

Dans cette même direction, je me demandais donc : la différence entre l'animateur qui apporte du tout cuit aux enfants (cautionnant ainsi tout le discours ci-dessus) et celui qui va permettre à l'enfant d'être créateur du projet de sa journée ne tiendrait-elle pas qu'à un fil ?

Et ne serait-il pas très facile de se laisser glisser du premier au second type d'animateur, pour des raisons diverses (timing, baisse d'attention concernant l'étude de sa pratique, relation au public plus difficile etc...) ? Et dans ce cas-là, lorsqu'on devient quelqu'un qui propose du "tout cuit" aux jeunes, n'est-on pas plus dangereux que celui qui vient les mains dans les poches et laisse les enfants s'amuser entre eux ?

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Invité Invité

Est-ce que, face à un groupe de jeunes, ou un groupe d'enfants, un animateur dont la pratique d'animation est réfléchie ne serait-il pas plus dangereux que l'animateur lambda, qui cherche avant tout à obtenir le calme plus que l'épanouissement des enfants, en prenant notamment des décisions arbitraires ?

Et ne serait-il pas très facile de se laisser glisser du premier au second type d'animateur, pour des raisons diverses (timing, baisse d'attention concernant l'étude de sa pratique, relation au public plus difficile etc...) ? Et dans ce cas-là, lorsqu'on devient quelqu'un qui propose du "tout cuit" aux jeunes, n'est-on pas plus dangereux que celui qui vient les mains dans les poches et laisse les enfants s'amuser entre eux ?

???

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J'avais mal lu, celui-là...

Il me semble qu'au fil des années, la pratique des gens qui font de l'animation vise à aider les enfants à se réaliser. Il s'agit d'une intention et non d'un fonctionnement...

Selon les interprétations, on en fait à peu près tout et son contraire.

Je pense qu'il est tout à fait crédible de trouver un animateur qui prépare entièrement le programme, le matériel, le déroulement à 15 min près, et qui profite ensuite de ses savoir-faire (organisation, techniques d'animation, improvisation...) pour donner une très grande liberté aux enfants (y compris celle de ne pas faire l'activité et de faire autre chose à la place).

Je crois aussi qu'il est fort probable qu'on puisse trouver un animateur qui prépare des activités libres, donc du matériel, des idées en vrac, qui sait s'organiser rapidement pour répondre aux demandes des enfants, et qui une fois l'activité commencée va tout contrôler, tout imposer.

On a un peu trop souvent tendance à imaginer un stéréotype de l'animateur qui veut tout contrôler, donc qui fait à la fois le programme, le matériel, et le despote dans son activité, etc. Et à l'inverse on se plaît à raconter qu'on aime improviser, qu'on laisse s'exprimer la liberté et la créativité des enfants.

Je pense que de toute manière, les animateurs finissent toujours par imposer leur vision aux enfants... et que l'important quand on prend de l'expérience, c'est surtout de prendre garde à ne pas les maltraiter.

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Invité Noël

Il me semble que la question que pose Cesco est celle de l'intérêt comparé pour un enfant de consommer tout de suite ce qui est préparé par d'autres ou de participer lui-même à la préparation de ce qu'il va consommer.

Si j'ai bien compris, alors 2 pensées me viennent:

La première de la littérature:

Sacha Guitry disait que le meilleur dans l'amour c'est quand on monte l'escalier.

La deuxième des théories psychanalytiques:

Le plaisir, c'est l'apaisement des tensions nommées désir.

Si tel est le cas, ces 2 angles d'approche offrent une vision pertinente des mécanismes de consommation: la consommation est offerte, dans notre société justement dite "de consommation", au niveau du plaisir. Consommation rapide qui va amener le consommateur de plaisir à en redemander et pour laquelle le désir est créé par la publicité.

On arrive alors à n'attendre plus que cette phase ultime de plaisir, c'est à dire d'apaisement des tensions, sans retenue ni préparation. En "zappant" la phase de désir. Au lieu de la séduction, du temps et des efforts, le viol tout de suite... et basta! Des bonbons, vite! du manège, tout de suite. Et encore un tour puisque je peux avoir un plaisir immédiat.

Et gare si je n'ai pas immédiatement la satisfaction du besoin créé par le publiciste du marchand de consommation.

Et quand on demande à des enfants d'amener ce qui compte le plus pour eux, ils apportent le matériel préfabriqué standard qu'ils ont tant souhaité comme le leur a dit la pub. Puisque c'est ça qu'on leur a dit qu'il fallait désirer, quel plaisir de l'avoir...

Il n'y a que nous pour regretter qu'ils n'amènent pas quelquechose de vraiment personnel.

Tout ceci me pose à nouveau la question de ce à quoi sert un animateur. S'il doit être un agent de formation des consommateurs que notre société attend, il doit mettre en oeuvre la pédagogie qui correspond à un tel projet. Si par contre il dit avoir vocation à accompagner les enfants dans un épanouissement personnel... problème. Soit il ment (ou se leurre), soit il faut approcher les choses autrement.

Et si la famille de l'enfant voulait, elle, en faire un bon consommateur?

Noël

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Le message était un questionnement sur le travail de l'animateur. Qu'est-ce qu'il fait, est-ce qu'il prépare, où est-ce qu'il improvise?

J'ai trouvé ça très cliché, alors j'ai écrit une autre vision. Il n'y a pas d'un côté "les animateurs expérimentés qui préparent tout et imposent la société de consommation" et de l'autre côté "les inexpérimentés qui de leur fraîche fougue candide offrent la liberté salvatrice permettant l'épanouissement des enfants".

En réalité des glandeurs qui débarquent sans avoir réfléchi une seconde à ce qu'ils allaient faire pendant leur journée, je trouve que ce sont souvent des profiteurs, et le côté candide est avant tout dangereux pour la santé morale et pour la santé physique des enfants.

Le débat sur la société de consommation... les dernières fois c'était pas évident, quand même.

Et dans ce cas-là, lorsqu'on devient quelqu'un qui propose du "tout cuit" aux jeunes, n'est-on pas plus dangereux que celui qui vient les mains dans les poches et laisse les enfants s'amuser entre eux ?
L'animateur expérimenté n'est pas forcément là pour proposer du tout cuit. J'aurais même pensé le contraire...

Et gare si je n'ai pas immédiatement la satisfaction du besoin créé par le publiciste du marchand de consommation.
Ça on est bien d'accord sur le constat, en général je crois bien que les enfants qui sont les plus agréables pour les animateurs sont ceux qui savent qu'ils ne sont pas roi du Maroc...

Il n'y a que nous pour regretter qu'ils n'amènent pas quelquechose de vraiment personnel.
... ou pour penser (à leur place) qu'il ne s'agit pas d'un choix personnel.

Enfin je serais mal placé pour juger, je n'ai jamais constaté cela, et de toute façon c'est un cas qui me semble totalement imaginaire. Quand bien même il serait "vrai" il faudrait avoir conscience de la multitude de paramètres pris en compte lors de cette demande.

Est-ce qu'un enfant osera apporter son doudou et raconter pourquoi c'est son objet préféré?

Et si c'était en colo, c'est normal de ne pas avoir d'objet très personnel, à part des photos de parents ou des objets qui valent apparemment cher... On ne risquait pas trop de les voir arriver avec leur vélo, leur canne à pêche, leur canif ou leur paire de chaussures de foot.

Et puis la console ou le téléphone, etc. on peut le cacher facilement, le ranger, voire en racheter, parce qu'il faut aussi prendre en compte le côté pragmatique : on va pas apporter avec soi quelque chose dont on n'a pas envie d'être séparé.

Et à quoi ça sert? Quand on vient présenter à tout le monde un objet, c'est une manière de se montrer, de frimer. Pas dit que tous les enfants aient envie subitement de se livrer comme ça, moi je comprends qu'ils préfèrent se la péter un minimum

Il y aurait de quoi écrire pendant des heures, je suis très mitigé sur ce jugement vite fait des gamins dont l'objet préféré serait une console ou un baladeur musical. En plus de ça il est possible que ces objets aient une vraie valeur affective pour eux, puisqu'on y met les jeux qu'on veut, la musique qu'on veut...

Et si la famille de l'enfant voulait, elle, en faire un bon consommateur?
Sincèrement, le jour où tu trouveras une famille "qui a l'intention de se faire entuber par le système et par la société de consommation" tu m'appelles! :bleh:

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Le message était un questionnement sur le travail de l'animateur. Qu'est-ce qu'il fait, est-ce qu'il prépare, où est-ce qu'il improvise?

Bin non, justement. Ca ce n'était qu'une des conséquences du questionnement de base, qui concernait davantage l'intérêt (ou non) d'une frustration avant la satisfaction du plaisir pour les jeunes et enfants.

J'ai trouvé ça très cliché, alors j'ai écrit une autre vision. Il n'y a pas d'un côté "les animateurs expérimentés qui préparent tout et imposent la société de consommation" et de l'autre côté "les inexpérimentés qui de leur fraîche fougue candide offrent la liberté salvatrice permettant l'épanouissement des enfants".

Ba, il ne me semble surtout pas avoir dit ça... Surtout que je remettais justement en question la pratique des animateurs dits "confirmés"...

En réalité des glandeurs qui débarquent sans avoir réfléchi une seconde à ce qu'ils allaient faire pendant leur journée, je trouve que ce sont souvent des profiteurs, et le côté candide est avant tout dangereux pour la santé morale et pour la santé physique des enfants.

On est d'accord, mais ça enfonce une porte ouverte !

L'animateur expérimenté n'est pas forcément là pour proposer du tout cuit. J'aurais même pensé le contraire...

Mouais, bonjour la déformation du propos. Ai-je dit ça ? Non.

J'ai simplement dit que c'était un risque, que ça pouvait arriver plus vite qu'on ne le pense, et que ce soit un animateur expérimenté ou non... Et je parlais donc des conséquences qui pouvaient découler du fait qu'un animateur propose du tout cuit (ne serait-ce que se dépêcher et faire à la place du petit Paul sa lampe magique que les autres ont fini en 45 minutes, et que lui, fait depuis 1h20... Que faire ? Il a pas de lampe ? On la lui fait ? Il regarde ses copains jouer à autre chose pendant qu'il reste faire ça ?

Est-ce qu'un enfant osera apporter son doudou et raconter pourquoi c'est son objet préféré?

Et si c'était en colo, c'est normal de ne pas avoir d'objet très personnel, à part des photos de parents ou des objets qui valent apparemment cher... On ne risquait pas trop de les voir arriver avec leur vélo, leur canne à pêche, leur canif ou leur paire de chaussures de foot.

Et puis la console ou le téléphone, etc. on peut le cacher facilement, le ranger, voire en racheter, parce qu'il faut aussi prendre en compte le côté pragmatique : on va pas apporter avec soi quelque chose dont on n'a pas envie d'être séparé.

Et à quoi ça sert? Quand on vient présenter à tout le monde un objet, c'est une manière de se montrer, de frimer. Pas dit que tous les enfants aient envie subitement de se livrer comme ça, moi je comprends qu'ils préfèrent se la péter un minimum

L'exemple, ce n'était pas en colo, donc ils pouvaient amener ce qu'ils voulaient le lendemain.

Mais d'accord avec ça. Le côté encombrant, et la peur de se livrer ont forcément jouer.

Malgré tout, quelques enfants ont apporté des objets bien personnels.

Il y aurait de quoi écrire pendant des heures, je suis très mitigé sur ce jugement vite fait des gamins dont l'objet préféré serait une console ou un baladeur musical. En plus de ça il est possible que ces objets aient une vraie valeur affective pour eux, puisqu'on y met les jeux qu'on veut, la musique qu'on veut...

Là, une fois de plus on ne se comprend pas, car ce n'était pas l'objet du propos. Evidemment qu'ils peuvent s'approprier ces jouets et le font, puisque ce sont ceux dont ils sont le plus fier.

Mais est-ce que, à l'instar de ces jouets qu'ils obtiennent aussi rapidement qu'ils l'ont demandé (ou presque), le fait de faire à la place d'un enfant, ou même de prendre en compte toutes ses envies, ne présenterait-il pas beaucoup d'inconvénients ?

J'y viens progressivement, car ça va sans doute être choquant, mais, moi qui suis libertaire, je remets de plus en plus en cause cette volonté de laisser l'enfant décider de tout.

Est-ce que cette philosophie louable sur le papier (l'enfant décide de ce qu'il fait, dès qu'il en a marre, il peut changer d'atelier etc) n'est finalement qu'une illustration de plus de la part des adultes que l'on ne trouve le plaisir qu'en, comme le disait très justement Noël qui complète bien mon propos, en l'apaisement des désirs ?

Peut-on tolérer d'imposer à un enfant de finir la super lampe qu'il fabriquait, alors qu'il n'en a plus envie ?

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Invité Noël

Le thème ouvert par Cesco est intéressant (pour autant que je l'ai bien compris car il n'est pas si précis que cela) et la discussion prend un tour qui est intéressant.

A ce stade:

nous ne sommes pas "ent..." par le système, nous sommes le système. Donc la réponse est tout (à peu près) le monde. Pub - désir - crédit - achat - consommation - obsolescence - nouvelle pub - désir ...

Qui sommes-nous là-dedans ? Des consommateurs ou des producteurs de produits à consommer.

Que deviendront les enfants qui sont dans ce schéma et que l'on emmène tous les Samedis au centre commercial ? Des consommateurs une partie de la journée, des producteurs une autre (sauf chômage, bien entendu). Avec le piège qu'à la procédure des économies préalables qui exigeait un temps d'attente et de désir maîtrisé s'est substitué la procédure du crédit qui permet la satisfaction immédiate du désir créé par la pub. Une anticipation en quelque sorte. D'où, en particulier, ce que l'on appelle la PLV (publicité sur le lieu de vente)

Quel horizon connaissent les une et les autres ? La consommation (de produits faits par d'autres).

Etc.

Mais, dans le fond, si c'est ça le bonheur, il ne nous appartient pas d'en juger. En tel cas, notre action doit aller dans ce sens. Et le domaine de l'animation s'y est rué, en particulier les colonies.

Sauf que... Toute cette construction qui date des "trente glorieuses" est à son terme et que nous savons que demain ne sera pas comme hier (souviens-toi de mes interventions sur le quad). Les plaisirs de la consommation qui ont semble-t-il suffit au bonheur des consommateurs sont condamnés à une échéance qui devient visible.

Alors, dans cette situation quelle doit être notre position? Quand on voit la démagogie dans laquelle sont tombés la plupart des projets dits de l'éducation populaire, on est incité à chercher les orientations à prendre, puisqu'il va falloir changer de cap.

Ceci pourrait bien, à mon sens, impliquer de nouvelles modalités pédagogiques.

Noël

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Mouais Cesco, si j'ai tout compris de travers, y'avait peut-être une raison liée à ton introduction (où tu parles des pratiques d'animateurs) et ta conclusion (où tu parles des pratiques d'animateurs).

Les enfants ont toujours été consommateurs, parce que pour créer, s'imposer, proposer, imaginer, il faut être grand...

Sur la question des animateurs expérimentés et inexpérimentés je n'ai donc pas compris ce que tu veux dire.

Mouais, bonjour la déformation du propos. Ai-je dit ça ? Non.

J'ai simplement dit que c'était un risque

Bon ben alors c'est bon, non?

Mais est-ce que, à l'instar de ces jouets qu'ils obtiennent aussi rapidement qu'ils l'ont demandé (ou presque)
Ben ça c'est pareil on pourrait en douter. Moi j'ai plutôt l'impression d'avoir en général rencontré des parents qui savent quel est le sens de la frustration de leurs enfants... qui ne cèdent pas au moindre de leurs caprices, à la moindre publicité, etc.

le fait de faire à la place d'un enfant, ou même de prendre en compte toutes ses envies, ne présenterait-il pas beaucoup d'inconvénients ?
lol et c'est moi qui enfonce des portes ouvertes?

Je disais un peu plus haut que je n'y crois pas et qu'à mon avis les animateurs finissent toujours par s'imposer. Ils sont placés en responsabilité, qu'ils en soient conscients ou non, qu'ils le veuillent ou non. Ils peuvent laisser de la liberté sur tel ou tel paramètre de l'organisation d'une journée, mais ça reste eux (ou l'équipe, le directeur, etc.) qui décident.

Donc quand tu parles d'une philosophie louable sur le papier, il faut préciser la quelle. Par exemple :

«Peut-on tolérer d'imposer à un enfant de finir la super lampe qu'il fabriquait, alors qu'il n'en a plus envie ?»

On pourrait aussi poser la question :

«Peut-on imposer à un enfant de fabriquer une lampe ?»

Moi je regarde du côté des missions de la structure pour laquelle je travaille dans ces cas-là.

Il faut savoir quel est le projet.

Si votre projet à toi et à Noel est de modifier l'attitude du consommateur, eh bien il faut avoir une pédagogie adaptée oui, et ça passe probablement par des choses comme avoir des principes (finir ce qu'on a commencé, ne pas empêcher les autres de participer...).

Quant à moi la mission qu'on m'a donnée était de garder les enfants (...). Et l'attitude de consommateur n'étant pas ma préoccupation principale (parce que dans ce cas les parents ont fait tout le travail), je m'attachais surtout au "vivre ensemble". Et pour parvenir à bien vivre ensemble, j'ai fini par penser qu'il fallait être très juste à chaque instant, et que pour y parvenir je devais entre autres :

-écouter les enfants

-expliquer mes décisions et mes choix

-faire participer les enfants à l'organisation dans la mesure du possible

Vis à vis de l'attitude générale de consommation, le fait de responsabiliser les enfants est bien utile. Un autre point intéressant serait de modifier la réputation du centre de loisirs. Avec mes collègues on aurait bien aimé faire autre chose que "permettre aux enfants de rentrer chez eux avec un objet que les animateurs les enfants ont fabriqué". Par exemple si on avait un peu communiqué sur le vivre ensemble (comme mettre en valeur nos jeux collectifs, sportifs, etc.) et si on avait un peu valorisé nos activités "où nous ne fabriquons rien" (jeux, fabrications collectives, sorties, cabanes, musique, etc.) on aurait eu un meilleur écho directement auprès des enfants, auprès de leurs parents aussi... Et des parents convaincus peuvent convaincre leurs enfants que c'est intéressant.

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Invité Noël

Les enfants ont toujours été consommateurs, parce que pour créer, s'imposer, proposer, imaginer, il faut être grand...

Mais notre vocation est précisément de les accompagner dans leur grandissement.

Moi je regarde du côté des missions de la structure pour laquelle je travaille dans ces cas-là...Quant à moi la mission qu'on m'a donnée était de garder les enfants

ça, c'est la forme. Mais l'animation fait partie d'un ensemble plus vaste qui est d'assurer la perpétuation de l'espèce, donc de notre société, donc, de faire des enfants, de les faire grandir, de les élever, de les accompagner dans leur grandissement, etc... A cette tâche, tout le monde s'y met, ou devrait s'y mettre: les parents, d'abord, l'école, le quartier, le temps libre, etc... Et chacun prend sa part. Suivant la conscience que chacun a de la raison d'être de son travail, c'est à dire de la part qu'il prend à la vie de sa société, la définition a une profondeur de champ variable. Si quelques-uns à courte vue ne voient pas plus loin que "garder" les enfants, ça ne limite pas pour autant ton champ d'action. Ca indique simplement la limite de l'esprit ou de la conscience de celui qui l'a dit (bien que quelquefois on ne dit que ce que les autres peuvent entendre ou comprendre!).

Si votre projet à toi et à Noel est de modifier l'attitude du consommateur, eh bien il faut avoir une pédagogie adaptée oui, et ça passe probablement par des choses comme avoir des principes (finir ce qu'on a commencé, ne pas empêcher les autres de participer...).

Je ne connais pas Cesco et ne peux préjuger de son projet. Pour ma part, je précise que notre projet ne peut être autre chose que contribuer à socialiser des enfants. Et donc de les préparer tel ou tel mode de vie.

Or si le mode de vie auquel nous devions préparer les enfants était à peu près clair depuis la fin de la dernière guerre, il devient tout à fait flou: la société de consommation est condamnée, sinon dans son ensemble, au moins par pans (pétrole et plastiques, énergie et transport, esclavage et richesses, etc...) et nous ne savons pas ce qui demain fera le bonheur de vivre de chacun de nous. Tout ce que nous savons c'est que le bonheur de vivre issu de l'usage de ce que d'autres font pour nous (des parcs de loisirs aux glaces, du canapé cuir aux vacances en Tunisie,...)et que l'on consomme contre des billets et des pièces est en fin de course.

En conséquence, soit nous sommes des agents de la société ancienne et nous poursuivons comme avant et plus encore, soit nous anticipons les mutations à venir parceque nous avons dit que notre vocation est de participer au grandissement des enfants et que ceci est au-delà du présent et de l'immédiat. Mais comme nous (en tous cas moi) ne savons pas de quoi demain sera fait, alors nous devons mettre en oeuvre des projets qui permettront aux enfants de s'adapter à ce que la société deviendra, et en particulier savoir tirer leur bonheur de vivre de ce dont ils sont dotés (5 sens, intelligence, capacité diverses, etc...).

Je suis impatient de lire des critiques à ma prose.

Noël

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Les enfants ont toujours été consommateurs, parce que pour créer, s'imposer, proposer, imaginer, il faut être grand...

Mais notre vocation est précisément de les accompagner dans leur grandissement.

Quelle sagacité! As-tu écrit ça parce que tu crois que je ne m'en suis pas rendu compte?

ça, c'est la forme. Mais l'animation fait partie d'un ensemble plus vaste qui est d'assurer la perpétuation de l'espèce, donc de notre société, donc, de faire des enfants, de les faire grandir, de les élever, de les accompagner dans leur grandissement, etc...
C'est toujours un plaisir de se faire rabaisser par Noel.

Je te laisse avec tes songes, toi qui fais les questions et les réponses.

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Invité Noël

Mais enfin, Jean, c'est toi qui rabaisse notre action au niveau d'une simple garderie.

Au contraire, je te propose, moi, une approche qui resitue notre action dans son contexte plus large (c'est le moins qu'on puisse en dire) et avec un grande profondeur de champ.

J'enlève même toute mauvaise intention à ceux qui désigneraient notre tâche comme de simplement garder les enfants en leur consentant une absence de hauteur de vue.

Comme tu as pu le voir, j'ai plutôt une assez haute idée de l'animation. Idée théorique, je le reconnais bien volontiers, les pratiques en étant souvent assez lointaines. Mais pouvons-nous vivre sans projet ? Sinon, c'est du ritualisme, sans but, sans âme, propice à toutes les mesquineries et à toutes les déviances dont celles des forces de l'argent. Et ceci ne permet pas de l'éducation mais du conditionnement, du dressage. Dressage courant, en fait, bien qu'antithèse du développement de l'autonomie. Ca fait partie des mensonges qui aident nos collègues à vivre mais dont les contradictions ressortent en mal-être.

Je n'ai aucun désir de rabaisser qui que ce soit. C'est inutile et je n'en ai pas besoin.

De toi, j'imagine que devraient venir des critiques (dans le sens d'analyse et commentaires) plus fondamentales. En fait, tu t'es contenté de commenter la forme de mon intervention. Un avis sur le fond sera plus productif pour faire avancer la réflexion.

A te lire,

Noël

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Mais enfin, Jean, c'est toi qui rabaisse notre action au niveau d'une simple garderie.
Non mais je ne suis pas très surpris que tu aies cru lire ça dans mon message...

Je le déplore, le côté garderie représente tout ce qu'il y a de pire à mes yeux dans notre boulot.

J'ai dit que la mission qu'on m'a donnée était de faire une garderie. Si cette mission n'est pas correcte, ce n'est donc pas à moi qu'il faut s'en prendre mais aux élus locaux, c'est évident.

J'ai dit que ma valeur principale dans l'animation n'est pas centrée sur la consommation mais sur "vivre ensemble". Pour moi grandir en groupe ce n'est pas tant "apprendre à consommer" que "apprendre à vivre ensemble".

J'ai aussi écrit qu'à mon sens les parents sont en général capables d'éduquer leurs enfants sur les questions de consommation. Pour autant je ne laisse pas ce paramètre de côté dans mon travail, mais j'accorde une plus grande importance aux questions pédagogiques relatives au groupe.

Au contraire, je te propose, moi, une approche qui resitue notre action dans son contexte plus large (c'est le moins qu'on puisse en dire) et avec un grande profondeur de champ.

(...)

Mais pouvons-nous vivre sans projet ? Sinon, c'est du ritualisme, sans but, sans âme, propice à toutes les mesquineries et à toutes les déviances dont celles des forces de l'argent

Attends, le milieu de l'animation est déjà un milieu ultra-idéologisé, le moindre djeunz débutant est à donf utopiste, anticapitaliste, anarchiste, révolutionnaire, communiste, etc. (ce qui ne l'empêche pas, par méconnaissance du monde et de ses subtilités, de se comporter au travail comme un parfait UMP-conservateur)

Pour autant on continue de parler d'éducation populaire donc d'un encadrement qui n'a pas de projet national, et dont la force réside dans la diversité des valeurs transmises et la multiplicité (ainsi que la variété) des acteurs qui les transmettent.

Libre à toi de te créer un projet (éducatif) centré autour de la consommation, projet qui logiquement trouve sa racine à l'échelon local. C'est comme ça que "le système" est interprété par les formateurs de l'éducation populaire et il me semble que les choses sont ainsi bien agencées. (sauf que nous savons toi et moi que les élus locaux ne sont pas souvent à la hauteur, et qu'ils sont en général de bons gestionnaires budgétaires mais de piètres défenseurs de l'éducation populaire)

À moins que ton idée soit d'utiliser internet pour lancer un nouveau mouvement national centré sur l'éducation des futurs consommateurs. Si tel est le cas pour donner de la force à ton propos, il sera aussi utile de créer une association d'éducation populaire (formations BAFA/BAFD/autres, conférences, stages variés, publications...).

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